A la vitesse de la lumière - Javier Cercas
J’ai commencé ce livre presque par inadvertance, en tout cas avec une certaine nonchalance, à l’occasion d’un long trajet en métro mais je n’ai pu le lâcher pendant vingt-quatre heures…
Parce que dès les premiers mots de l’histoire, Javier Cercas déroule un fil dont on sait tout de suite qu’il va être long, mais qu’il faudra le suivre jusqu’au bout de la bobine.
« A présent, je vis une fausse vie, une vie apocryphe, clandestine et invisible, bien plus réelle que si elle était vraie, mais j’étais encore moi-même quand j’ai fait la connaissance de Rodney Falk. »
Le narrateur, un jeune espagnol qui vient de terminer ses études et ambitionne de devenir écrivain, se voit proposer un poste de professeur assistant d’espagnol dans une université du Middle-West américain. Il accepte, voyant là une excellente expérience pour son avenir d’écrivain : voyages, rencontres et aventures. La réalité sera bien différente, car Urbana se révèle être une petite ville de province d’un ennui mortel. C’est pourtant là que le jeune homme rencontre Rodney Falk, également assistant d’espagnol et vétéran du Vietnam, qui passe pour être un peu fêlé. Contre toute attente, les deux hommes, réunis par un même amour de la littérature vont devenir amis. Jusqu’au jour où Rodney disparaît brutalement. L’année universitaire terminée, le jeune homme rentre en Espagne où il devient écrivain, se marie et a un enfant. Un jour, le succès survient, fulgurant, qui va bouleverser sa vie et remettre sur sa route son ami Rodney.
Ce livre m’a remuée jusqu’au fond de l’âme et je ne crois pas qu’il puisse laisser quiconque indifférent. L’histoire de Rodney est terrifiante, comme fut terrifiante la guerre du Vietnam, comme sont terrifiantes toutes les guerres, et comme deviennent terrifiants les hommes dès lors qu’ils se croient investis d’un quelconque pouvoir et qu’ils jouent à se prendre pour Dieu. Et pourtant, ce n’est pas uniquement un livre sur la guerre, c’est l'histoire de deux destins qui se croisent et s'entremêlent, étrangement symétriques, l'envers et l'endroit d'une même image. Et c'est surtout un livre sur la littérature, sur le pouvoir de la littérature de transcender la réalité, de rendre racontable une histoire qui ne l'est pas, pour la rendre accessible au plus grand nombre.
Traduit de l’espagnol par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic.
Actes Sud, 2006. – 286 p.
L'avis de Cathe
L'avis de Clochette