Le chateau des Carpathes - Jules Verne
Tout ce qu’il faut pour créer une atmosphère fantastique : un pays de montagnes, riche en légendes et réputé pour être peuplé d’êtres surnaturels propres à créer l’effroi (vampires, striges…), un château isolé, abandonné depuis des années, et vaguement effrayant. Jusqu’au jour où passe par là un colporteur qui vend au berger du village une longue-vue. Et le berger découvre que de la fumée sort de la cheminée de ce château. Qui peut bien occuper les lieux sinon le diable ou un esprit maléfique quelconque ? Panique au village. Décision est prise d’envoyer un émissaire sur les lieux. Nic Deck le forestier se porte volontaire. Il sera accompagné dans cette expédition aventureuse par l’homme le plus couard du village, le docteur. Malgré la prédiction funeste d’une voix d’outre-tombe, voilà les deux hommes montant à l’assaut du mystère…
Il y a en fait deux romans dans ce roman. L’un est presque caricatural : une caricature du roman fantastique et tous les ingrédients qui le composent : château isolé, voix mystérieuse, phénomènes paranormaux, etc… Jules Verne montre avec beaucoup d’ironie deux hommes que tout opposent et se moquent d’eux et de nous. Il sait parfaitement créer une atmosphère d’angoisse et faire durer le suspense… Puis, dans une deuxième partie, il nous raconte une toute autre histoire : celle de la divine Stilla, cantatrice célèbre qui fascine les hommes. Et cette anecdote n’est pas sans rappeler la Coppélia des Contes d’Hoffman. C’est le château des Carpathes qui relie les deux versants de l’histoire, le versant burlesque et le versant lyrique. Mais finalement l’auteur nous dévoile tous les mystères qui ont tous une explication parfaitement scientifique. Il faut se défier des superstitions, voilà ce que nous dit Jules Verne. Il existe toujours une explication rationnelle aux évènements surprenants et le diable, s’il existe sous l’apparence du mystérieux Orfanik, n’est rien d’autre qu’un savant fou, thème cher au XIXème siècle.
Babel – 1997 – 227 p.