Accès direct à la plage - Jean-Philippe Blondel
Jean-Philippe Blondel pratique l’art de la fragmentation. Raconter une histoire linéaire ne l’intéresse pas. Ce qui intéresse Jean-Philippe Blondel, ce sont les vrais gens, vous et moi, quoi. Et la vie des vrais gens n’est pas un long fleuve tranquille mais procède par à-coups. C’est pourquoi il a choisi dans Accès direct à la plage de nous présenter quatre tranches de vie, espacées par une décennie. Quatre lieux servent de décor à de multiples éclats d’histoires, toujours des stations balnéaires et toujours au moment des vacances d’été. De 1972 à 2002, nous suivons un certain nombre de personnages, qui se croisent, se rencontrent, se perdent, s’aiment ou se détestent.
Jean-Philippe Blondel est un caméléon qui possède le talent incroyable de pouvoir jouer tous les rôles : le vieux retraité veuf, le mari jaloux, la jeune adolescente qui veut s’émanciper, le jeune garçon qui s’ennuie. Et il a le don de mettre le doigt là où ça fait mal, révélant les douleurs cachées, les petites humiliations, les rêves brisées. Ce roman m’a beaucoup fait penser à un de mes romans cultes : La vie mode d’emploi de Georges Perec, où l’auteur enlevait la façade d’un immeuble parisien, pour mettre à nu des vies ordinaires, avec leurs déchéances et leurs mesquineries.
Mais quel pessimisme dans ces histoires ! Tout cela pourrait être glauque ou sinistre, s’il n’y avait le style inimitable de Jean-Philippe Blondel : si sensible, si délicat, toujours à la limite du poétique.
Editions Delphine Montalant, 2003. – 118 p.