Harry Mulisch - La découverte du ciel
Non, Dieu n’est pas mort ! Il veille et surveille ses créatures, les hommes, qu’il a créés si intelligents qu’ils lui ont au fil des siècles volé tous ses secrets, grâce à la complicité de Lucifer. Alors Dieu enrage, manipule et planifie à très long terme une punition pour ceux qui se sont écartés de sa parole.
Donc si Onno Quist et Max Delius se rencontrent une nuit de 1967, le hasard n’y est pour rien. Les deux hommes que tout sépare (passé, famille, religion, formation) vont devenir des amis inséparables comme deux pièces de puzzle qui s’emboîtent parfaitement. Leur amitié est très intellectuelle car les deux hommes ont en commun une grande culture et un certain goût pour la dialectique. Onno cultive l’art du paradoxe, alors que Max joue au cynique, ce qui nous vaut des dialogues brillants et érudits. Puis les deux amis rencontrent une jeune fille, Ada, dont ils vont tomber amoureux à tour de rôle. Là encore, aucun hasard : ce brillant trio qui symbolise l’art (Ada est violoncelliste), les sciences (Max est astronome) et les lettres (Onno est linguiste) est destiné à mettre au monde et élever un enfant exceptionnel, Quinten, chargé d’accomplir une mission extraordinaire.
C'est un roman dense, foisonnant, très érudit, qui mélange les genres : roman de société, roman philosophique, roman d'initiation, roman à énigme… C’est un roman sur la vie, le sens de la vie et le libre-arbitre ; un roman qui parle de la naissance, de la maladie et de la mort ; de l’amour et de l’amitié, des mystères de la paternité, de Dieu et du Diable, du destin, individuel ou collectif. On y croise Freud et Heidegger, Faust et Francis Bacon, Fidel Castro et Adolf Hitler, il y est question de guerre et de révolution, de perspective et d’éternité, mais aussi de politique, d’astronomie, de musique, d’architecture, d’histoire... Et tout le roman est traversé par le souvenir douloureux de l’Holocauste. La question centrale étant : comment une telle horreur a-t-elle pu se produire si Dieu existe ?
Un roman comme je les aime : qui donne à réfléchir et ouvre de multiples perspectives.
Merci, donc, à Cuné et à Chimère de me l'avoir fait découvrir.
Trad. du néerlandais par Isabelle Rosselin et Philippe Noble.
Gallimard, 1999. – 683 p.