Eugène Onéguine - Piotr Ilytch Tchaïkovski

Publié le par Papillon



Crédit photo : Damir Yusupov - Source : Opéra national de Paris


Rentrée à l'Opéra de Paris, avec un opéra 100% russe pour débuter cette saison 2008-2009 : Tchaïkovski à la partition, Pouchkine au livret et la troupe du Bolchoï pour cet Eugène Onéguine donné dans un Opéra Garnier plein à craquer.

L'argument, d'inspiration très romantique, n'est pas très original : une jeune fille rêveuse s'éprend d'un jeune homme de passage, original et rebelle. Il repousse son amour. Dix ans plus tard, il la retrouve, rayonnante, mariée et régnant dans la haute société, et c'est à son tour de succomber à la passion. Elle reconnaît qu'elle l'aime toujours, mais déclare qu'elle ne quittera jamais son mari.

Ce manque de coordination est à l'image des amours des deux auteurs… Et leurs talents conjugués élèvent le drame au rang de tragédie. L'œuvre est placé sous le signe de la mélancolie dès les premières scènes où la mère explique à ses filles qu'il vaut mieux qu'elles ne rêvent pas trop : "La vie nous donne des habitudes au lieu de nous apporter le bonheur." Le décor intimiste et sombre crée une atmosphère très tchekhovienne où l'on perçoit implicitement que le bonheur sera toujours hors d'atteinte : l'amour est illusion, la société est dérision et la famille est dépression.

Cette mise en scène a, paraît-il, fait scandale à Moscou, parce que le jeune metteur en scène (Dmitri Tcherniakov) s'est permis de casser les codes d'un opéra qui est un classique en Russie, mais je l'ai trouvée bien fade. L'essentiel du décor est constitué par une immense table ovale qui mange la scène et empêche les chanteurs de se déplacer. D'une manière générale tout semble fait à l'économie : jeu d'acteur inexistant, voix étouffées, mise en scène statique…

Bref, dans la première partie je me suis un peu ennuyée malgré le charme de la musique de Tchaïkovski. Puis, tout s'anime soudain dans les seconde (mais brève) partie où le décor s'illumine : velours rouge et lustre de cristal. Dans cet écrin, la voix de Tatiana (Ekaterina Shcherbachenko) prend enfin toute sa puissance et toute son émotion, et nous bouleverse dans l'affirmation de l'amour et du renoncement.


Eugène Onéguine, opéra de Piotr Ilytch Tchaïkovski et Constantin Chilovski, d'après un poème d'Alexandre Pouchkine.
Production du Théâtre Bolchoï de Moscou.


Publié dans Théâtre - Opéra

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P
Pff, ils l'ont pas représenté assez longtemps, j'ai pas pu y aller ! Et dire que j'avais refusé l'invitation d'Ikastor...
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I
Hasard de mes pérégrinations bloguesques, je viens justement de lire un billet sur cet opéra.Si découvrir une autre (?) vision de cette version d'Oneguine t'intéresse, c'est ici : http://ikastor.blogspot.com/2008/09/eugne-onguine.html
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P
<br /> Salut ICB ! Merci pour le lien et quand est-ce que tu reviens ?<br /> <br /> <br />
L
ah, l'opéra, un bail que je n'y suis pas allée...
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C
Ah, le célèbre et superbe air de la lettre de Tatiana !!
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