Bartleby le Scribe - Herman Melville
Un notaire de Wall Street engage un nouveau scribe pour copier des textes juridiques dans son étude. Bartleby est un grand type maigre et taciturne, acharné à son travail qui donne toute satisfaction à son patron. Jusqu’au jour où celui-ci lui demande d’effectuer un travail de relecture et s’entend répondre : « Je préfèrerais pas ». D’abord surpris, le notaire réitère fermement sa demande et reçoit la même réponse. Complètement interloqué par cette fin de non recevoir de la part d’un employé si appliqué, il n’insiste pas. Mais par la suite, cette réponse énigmatique « Je préfèrerais pas » revient de plus en plus souvent dans la bouche de Bartleby à chaque demande de son patron. Le notaire se trouve coincé entre deux désirs contradictoires : faire obéir son employé ou, à défaut, le renvoyer ; ou faire preuve de charité envers un homme si démuni et visiblement dépourvu de la moindre famille.
Cette nouvelle est très étrange. Elle débute sur le mode burlesque quand le notaire, si sérieux, nous présente ses employés, plus ou moins déjantés. Puis peu à peu l’atmosphère de cette étude poussiéreuse devient lourde et angoissante. Que veut Bartleby ? Pourquoi son patron est-il incapable de le mettre à la porte manu militari ? La fin est tout aussi énigmatique, mais fait frémir, tant elle nous montre que l’incapacité de dire « non », tout autant qu’un excès de charité peuvent nous conduire dans des situations sans issue.
Une fin sur laquelle je n'ai personnellement pas fini de méditer.
Traduit de l’américain par Pierre Leyris.
Folio, 1996. – 99 p.