Dans un jardin anglais - Anne Fine
C’était un de ces jours assez peu inspirés où j’errais entre les rayons de ma bibliothèque préférée en cherchant désespérant quoi mettre dans mon petit panier, tous les titres figurant sur ma liste étant indisponibles. Quand mon œil fut attiré au rayon F par les romans d’Anne Fine, dont je me souvins que Cathulu pensait le plus grand bien. Bien que ma dernière expérience avec une anglaise ce soit révélée décevante, j’ai décidé de donner une chance à Anne Fine.
Les enfants Collett ont grandi dans une grande maison entourée d’un vaste et merveilleux jardin, typiquement anglais, avec ses buissons, ses rocailles, ses allées et ses recoins. Pour eux, cet endroit est une sorte de petit paradis. Las ! Depuis la mort de leur père, il faut bien admettre que leur très autoritaire mère s’emploie à tout massacrer, arrachant par ici, tronçonnant par là… Mais le pire est à venir : Mrs Collet a signé le vente de son jardin à un promoteur qui doit le transformer en lotissement…
Je n’ai pas pu m’empêcher de voir un sens allégorique à ce roman : une dame de fer, prénommée Lilith (nom du démon femelle), qui veut détruire un beau jardin anglais, m’évoque immanquablement Margaret Thatcher… Et cette Mrs Collett est particulièrement méchante, égoïste et cruelle. Mais tout le monde en prend pour son grade dans cette histoire, sous la plume caustique d’Anne Fine : William le fils homosexuel, grand enfant complètement immature, son amant Caspar généreux uniquement pour avoir la paix, les deux sœurs mesquines et radines. C’est au cours du mariage de la plus jeune, Barbara, que tous les masques tomberont. Et les enfants Collett comprendront enfin qu’abandonner leur « jardin d’Eden », c’est sortir d’une enfance fantasmée pour entrer dans l’âge adulte.
Un roman drôle et cruel comme seuls les britanniques savent en produire.
Traduit de l’anglais par Dominique Kugler.
Points, 1998. – 255 p.