La nuit sous le pont de pierre - Léo Perutz
Sous un pont de pierre croissent un romarin et un rosier tendrement enlacés, et toutes les nuits la belle Esther rêve qu’elle est aimée de l’empereur…
C’est l’histoire d’un amour impossible entre deux êtres que tout sépare et qui vivent dans deux mondes différents. C’est l’histoire de ces deux mondes : le monde du château et celui du ghetto, le monde de l’argent emprunté et le monde de l’argent prêté, le monde de la futilité et celui de la piété, le monde du pouvoir et celui de l’humilité.
C’est l’histoire d’une ville, la Prague du XVIIe siècle avec ses ruelles tortueuses, ses échoppes, son château et son quartier juif. On y croise bateleurs et bouffons, peintres et alchimistes, aventuriers et amoureux, brigands et poètes.
C’est l’histoire d’un souverain fantasque, Rodolphe II ; roi de Bohême et maître du Saint Empire romain germanique, rêveur et craintif, amoureux des arts et de la poésie, qui dilapide l’argent du royaume pour enrichir ses collections.
C’est l’histoire d’un marchand juif, homme simple et pieux, qui transforme en or tout ce qu’il touche, mais perd par deux fois son plus cher trésor.
C’est un roman en forme de puzzle : à travers quatorze anecdotes cocasses ou cruelles, baroques ou fantastiques, Léo Perutz fait revivre une ville, une atmosphère, une période cruciale de l’histoire de la Bohême.
J’ai aimé la construction originale de ce roman qui nous fait entrer dans l’histoire par tous ses bouts à la fois, la poésie du texte, la gouaille des personnages, le mélange de conte et de fantastique, cet univers, qui balance sans cesse entre rêve et réalité. C’est un roman dominé par la mort, mais une mort presque joyeuse, familière, apprivoisée, une mort qui réconcilie avec la vie.
J'ai découvert ce roman grâce au Club des théières et je remercie Chiffonnette de me l'avoir prêté.
Traduit de l'allemand par Jean-Claude capèle.
Le Livre de poche, 1990.- 247 p.