Le pays où l'on ne meurt jamais - Ornela Vorpsi
Un joli titre et une auteure albanaise, voilà les deux raisons qui m’ont donné envie de lire ce petit roman, récit d’une adolescence dans un pays communiste. Difficile de grandir dans un pays aussi macho où femmes et jeunes filles ne semblent être rien d’autre que des objets de désir et où les hommes brûlent de concupiscence. Dès lors, le danger pour les filles, c’est la « putinerie », qui conduit au déshonneur, à la prison, voire à la mort. Toute jolie fille est suspecte et déjà presque coupable. L’héroïne de cette histoire est donc doublement coupable d’avoir à la fois une mère très belle et un père en prison. Avec ses deux parents, elle entretient des relations ambiguës et complexes. Alors, elle s’évade, par la lecture, en rêvant au jour où elle pourra fuir pour de bon.
« Je lisais jusqu’à épuisement de mes yeux et de moi-même. Quand ma mère rentrait, je n’avais pas toujours le temps de cacher le livre que je lisais, et bien souvent il m’était arraché des mains, censuré, puis enfermé à clé dans une armoire. C’était la plus grande punition qu’on pouvait m’infliger, cette interruption de lecture interrompait le cours de ma vie. » (p. 49)
Malgré l’intérêt de cette histoire et le talent de l’auteure, j’ai eu bien du mal avec ce livre qui s’apparente plus à un recueil de nouvelles. L’histoire est racontée en courts chapitres disparates, qui mettent en scène plusieurs héroïnes. J’ai trouvé frustrante cette construction éclatée qui interdit au lecteur de connaître le destin des personnages. Mais il y a quand même toute une atmosphère dans ce roman, celle d’un pays fermé et figé où règne pauvreté, silence et privation de liberté. On y trouve quelques jolis portraits de femmes qui tentent chacune à leur manière de s’accommoder d’une réalité souvent douloureuse.
L'avis de BlackwithBlue.
L'avis de Brice Depasse.
La critique du Matricule des Anges.
Un entretien avec Ornela Vorpsi.
Traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli.
Babel, 2005. – 152 p.