Volkswagen blues - Jacques Poulin
Qui n’a pas rêvé un jour de traverser la mythique Amérique d’un océan à l’autre ? En tout cas, moi j’en ai rêvé et Jacques Poulin l’a fait, ou plus exactement son double littéraire, Jack Waterman.
Jack part sur les traces de son frère Théo, perdu de vue depuis vingt ans. Le voyage commence à Gaspé, ville de Gaspésie d’où est partie la dernière carte postale de Théo, une carte en forme d’énigme… Heureusement, Jack croise la route d’une jeune métisse qui va l’aider dans ce jeu de piste à travers l’Amérique. Car, d’une énigme à l’autre, les deux compères, qui partagent le même amour des livres, vont se trouver entraînés bien plus loin qu’ils ne l’avaient prévu, jusqu’à l’Océan Pacifique.
C’est l’histoire d’une rencontre et d’un voyage. Mais il y a en réalité quatre personnages dans cette histoire : un vieux combi Volkswagen, mangé par la rouille et proche de l’âge de la retraite, un écrivain qui atteint l’âge de la maturité et se penche sur son enfance, une jeune fille aux origines mêlées en quête d’identité, et un petit bébé chat. Quant au voyage, c’est en réalité une quête initiatique à la recherche du passé et à travers les mythes fondateurs de cette Amérique qui nous a tant fait rêver. Mais les héros ne sont peut-être pas ceux dont la postérité a retenu le nom, mais cette foule d’anonymes qui a couru sur la piste de l’Orégon puis sur la route de l’Or, en quête d’une vie meilleure. Sur leurs traces, Jack va découvrir que son frère n’est sans doute pas non plus le héros qu’il a inventé depuis vingt ans.
Le style de Jacques Poulin est simple et limpide et ses personnages sont attachants parce que criants de vérité. C’est avec un immense plaisir que nous partageons ce Volkswagen antique en leur compagnie, dans un périple dont personne ne reviendra indemne. C’est un bonheur de les écouter échanger leurs points de vue sur la vie, tout en nous replongeant dans l’histoire américaine.
Actes Sud / Babel, 1988. – 320 p.