Printemps des poètes 2016 /3

Publié le par Papillon

Aujourd'hui, encore un poète incontournable du XXe siècle : René Char.
 
Printemps des poètes 2016 /3

Evadné

 

L'été et notre vie étions d'un seul tenant

La campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante

Avidité et contrainte s'étaient réconciliées

Le château de Maubec s'enfonçait dans l'argile

Bientôt s'effondrerait le roulis de sa lyre

La violence des plantes nous faisait vaciller

Un corbeau rameur sombre déviant de l'escadre

Sur le muet silex de midi écartelé

Accompagnait notre entente aux mouvements tendres

La faucille partout devait se reposer

Notre rareté commençait un règne

(Le vent insomnieux qui nous ride la paupière

Et tournant chaque nuit la page consentie

Veut que chaque part de toi que je retienne

Soit étendue à un pays d'âge affamé et de larmier géant)

C'était au début d'adorables années

La terre nous aimait un peu je me souviens.

 

Poème extrait de Fureur et mystère,

Poésies/Gallimard, 1967. - 216 p.

 

Publié dans Poésie, France, Citation

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
Un de mes poètes préférés !
Répondre
P
Moi aussi :-)
A
C'est superbe ! mais c'est René Char :-)
Répondre
P
:-) Et voilà!